Lisière étagée 🌳 🌿
Cette année, je participe, dans le cadre d’un projet Agroforestier réalisé en partenariat avec Agroforesterie Nord Isère, à une expérimentation passionnante. La création d’une lisière étagée.
Pour comprendre ce qu’est une lisière étagée, il faut d’abord comprendre ce qu’est une forêt. Spontanément, une terrain laissé à l’abandon évolue naturellement vers son climax (stade écologique stable), qui dépend évidemment du climat dans lequel il évolue. Sous nos latitudes, le climax correspond à la forêt. Cela signifie que si vous “n’entretenez plus” une parcelle, celle ci va naturellement évoluer vers la forêt. Evidemment, cette évolution va être lente et progressive, et plusieurs stades végétatifs se succèderont avant d’atteindre le stade ultime.
Finalement, un terrain tondu, une parcelle cultivée ou fauchée, ne sont rien d’autre qu’une forêt contrariée. La main de l’homme le maintient dans un état écologiquement instable grace à des machines (tondeuses, tracteurs…).
D’un côté, c’est heureux, car la plupart des terres agricoles qui nous nourrissent sont la conséquence des luttes constantes que nous menons contre l’évolution vers le stade climacique terminal.
D’un autre côté, les excès de l’agriculture intensive et la perte de biodiversité dans nos campagnes nous invitent à repenser nos schémas agricoles.
Lorsqu’une forêt est adjacente d’une zone cultivée, comme c’est le cas sur une de mes parcelles, une délimitation abrupte forêt/prairie est une cassure brutale entre un stade climacique et un stade artificiellement maintenu à un stade initial.
La création d’une lisière étagée permet de remédier ce problème, en créant une sorte de stade intermédiaire entre le stade forêt et la parcelle cultivée. En acceptant de restituer une part non négligeable de surface “cultivable” à dame nature (environ 500m2 dans mon cas), je fais le choix de dédier une portion de terrain à des fins de renforcement de la biodiversité du site, en espérant tout de même que cela soit également à terme bénéfique pour mes cultures. Cette expérimentation, qui va durer 5 ans, consiste a ne pas broyer une zone tampon de 5 mètres de large entre le bois et ma parcelle.
Sur cette bande non fauchée, la nature va reprendre ses droits. Un processus de re-colonisation naturelle va créer une niche écologique intermédiaire composée d’arbustes, de buissons et d’un bourlet herbeux.
Les lisières sont des niches à haute valeur écologique pour de très nombreuses espèces de plantes et d’animaux.
L’inventaire des espèces (faune et flore) a deja été réalisée par un écologue. Chaque année, cet inventaire sera actualisé pour évaluer l’évolution de la biodiversité de la lisière.
Bien entendu, il ne s’agit pas de laisser la lisière retourner jusqu’au stade climacique (la forêt). Des interventions seront nécessaires pour maintenir cette bande au stade lisière. Ces interventions pourront prendre différentes formes (trouée, recépage, annelage…) et permettront de maintenir ce stade intermédiaire favorable à de très nombreuses espèces.
Affaire à suivre…
Je suis Louis, scientifique de formation, agriculteur engagé dans la transition agroécologique. J’écris régulièrement des articles sur mes expérimentations, mes passions, mes combats et plus globalement les choses que j’apprend et que j’aime partager. Vous pouvez également me suivre sur linkedin ici